2025 : Et si les États-Unis s’engageaient réellement à défendre Taïwan ? Et si, au contraire, ils ne s’en préoccupaient plus ? Prospective.

Vous le savez probablement déjà, les États-Unis ne s’engagent pas clairement à défendre Taïwan. Les propos récents de Joe Biden en ce sens sur CNN sont trompeurs. Ils ont été dûment rectifiés par la Maison Blanche, toutefois peu de médias francophones se sont fait échos de cette rapide et nécessaire mise au point. D’où une certaine confusion.

De toute manière, comme le précisent les spécialistes de l’Asie, le PCC se prépare à une probable réaction américaine qui se positionnerait aux côtés de l’île de 26 millions d’habitants, le tout est de connaître l’ampleur de la réponse américaine. Reste que … Et si le prochain président américain assumait un vrai changement de politique ?

Pour beaucoup de raisons, les USA ne devraient pas sortir de l’ambiguïté stratégique. Malgré tout, il pourrait y avoir des surprises. On a tendance à l’oublier, il n’y a pas qu’un seul discours américain, ni même démocrate ou conservateur, sur Taïwan.

Un peu de prospective ne fait pas de tort. Envisageons deux hypothèses pour le 20 janvier 2025, le jour de l’investiture du prochain président américain. Le candidat républicain vient de remporter l’élection. Scénario #1: Arrivée de Ted Cruz à la Maison Blanche. Scénario #2: Retour de Donald Trump sur Pennsylvania Avenue.

Ted Cruz : défendre Taïwan, la clarté stratégique

Pour Ted Cruz, ambiguïté stratégique égal faiblesse. Le sénateur texan s’en est d’ailleurs ouvert au futur ambassadeur des USA en Chine. Or si l’on en croit les propos de Mike Pence tenus lors d’une conférence à la Heritage Foundation « Xi Jinping sent la faiblesse ». On peut penser que Ted Cruz ou un autre républicain comme Marco Rubio ou éventuellement Mike Pompeo souhaiteraient un discours plus musclé sur la Chine. Et justement, présidentielle de 2024 oblige, toutes ces personnes devraient commencer à rivaliser pour savoir lequel d’entre eux ( ou elles … Nikki Haley ?) est le plus ferme vis-à-vis de Pékin.

On retrouve ici l’Amérique triomphante, victorieuse de la guerre froide, celle qui ne doute pas d’elle même. On est sur la ligne tracée par Ronald Reagan. C’est une perspective résolument optimiste, celle d’une supériorité morale et militaire des Etats-Unis.

Donald Trump : « S’ils envahissent Taïwan, p*****, on ne pourra rien faire ! »

Cela n’a pas fait beaucoup de bruit car Trump n’était plus au pouvoir et Taïwan n’était pas encore le centre de toutes les attentions mais en mars dernier est paru Chaos Under Heaven de Josh Rogin, journaliste au Washington Post, et les révélations contenues dans ce bouquin font penser que Trump n’était pas du tout opposé à la Chine sur tous les dossiers auxquels on pense mais bien qu’il s’opposait uniquement à Xi Jinping sur les questions commerciales.

Diable ! Les phrases reprises ci-dessous font carrément penser que Xi Jinping pourrait tout à fait souhaiter le retour de Donald Trump à Washington :

À un sénateur américain (source anonyme) : « S’ils envahissent Taïwan, p*****, on ne pourra rien faire. Taïwan est à deux pas de la Chine et nous nous sommes à plus de 8000 miles. » À John Bolton, ex-conseiller à la Sécurité nationale : « Trump m’a dit une fois “Je ne veux plus jamais que tu me parles de Taïwan, de Hong Kong ou des Ouïghours“. »

On retrouve la voie isolationniste, anti-guerre et peu soucieuse des droits de l’homme du courant America First. C’est une perspective pessimiste. Pas de supériorité morale ici, souvenons des propres mots de Trump « Croyez-vous que l’on soit vraiment innocents ? Je ne le pense pas. »

Source : ROGIN JOSH, “When Trump Caved to Xi and Threw Taiwan under the Bus”, The Daily Beast, March 8, 2021.


Crédit Photo : Unsplash – Jon Tyson

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